La nouvelle loi sur les professions médicales contraint les pharmaciens qui veulent assurer la gestion d’une pharmacie de suivre une formation postgrade. Les règles en matière de suppléance pour responsables d’officine sont en train d’être fixées au niveau cantonal. Certains craignent que sans formation postgrade achevée, il ne soit pas non plus possible d’assurer une suppléance.

Suite à la publication d’une recommandation de l’APC (Association des pharmaciens cantonaux), swissYPG a mené une enquête auprès de ses membres et des étudiants en pharmacie. Les résultats montrent qu’il règne une grande incertitude parmi les jeunes pharmaciens et les étudiants et que le besoin en information sur ce sujet est grand. Selon l’état actuel de la recommandation de l’APC, les possibilités de suppléance seraient fortement restreintes, ce qui ne serait pas très motivant pour les diplômés. Mais il ne s’agit cependant pas de faire peur.

L’obligation de formation postgrade est appropriée

Avec la nouvelle loi sur les professions médicales, la vaccination, le diagnostic ainsi que le traitement de maladies fréquentes sont maintenant ancrées dans la loi en tant que compétences de base des pharmaciens. Par rapport au passé, cela représente une étape révolutionnaire qui renforce le rôle des pharmaciens dans les soins médicaux de base.

Il devrait être clair que la gestion d’une officine exige, outre ces compétences cliniques, de nombreuses autres compétences non couvertes par les études de base. Il y a encore 15 ans, des suppléances de deux semaines en pharmacie pouvaient être faites dès la 3e année d’étude, avant même d’avoir suivit les cours cliniques. Ceci semble aujourd’hui absolument inconcevable.

Ainsi, que les pharmaciens aient reçu l’autorisation de pratiquer à titre indépendant dès la fin de leurs études était diamétralement opposé aux efforts pour être sur un pied d’égalité avec les médecins. En effet, c’était comme si un médecin pouvait prendre en charge un cabinet médical directement après ses études, ce qui n’est plus possible depuis longtemps.

Avec cette nouvelle loi, la formation postgrade devient partie intégrante du cursus pharmaceutique, comme c’est le cas depuis longtemps chez les médecins. La durée de trois ans environ reste dans un cadre raisonnable. L’obligation de formation postgrade n’est pas une dépéciation, mais au contraire une valorisation. Nous avons le droit de faire plus, mais en retour, nous devons aussi montrer nos qualifications.

Obligation de formation postgrade aussi pour les pharmaciens employés ?

Les pharmaciens cantonaux débattent actuellement de la question à savoir si les pharmaciens employés qui remplacent le responsable de l’officine en son absence doivent remplir les mêmes conditions. Les cantons sont libres dans l’interprétation de ce sujet, une grande importance étant cependant accordée à l’APC (association des pharmaciens cantonaux) et à la CDS (conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé).

Actuellement, un projet consensuel prévoit pour les jeunes pharmaciens sans formation postgrade achevée des possibilités limitées de suppléance: un jour fixe par semaine, quelques heures par jour ainsi que quatre semaines de remplacement de vacances par an.

Le swissYPG est clairement d’avis que cette recommandation n’améliore pas la qualité des soins et que cela limite considérablement les possibilités d’exercer pour les jeunes pharmaciens. Nous avons donc demandé aux directeurs de la santé d’élaborer une réglementation équitable, et rédigé dans ce sens une prise de position complète (lien à droite).

Comprendre les prescriptions cantonales dans le contexte politique régional

Le canton du Tessin a promulgué une réglementation très stricte interdisant formellement aux pharmaciens sans formation postgrade de se charger de suppléances. Cependant, après quelques mois déjà de pratique, les pharmaciennes inscrites à la formation postgrade en vue d’obtenir le titre de pharmacien spécialiste ont des possibilités de se charger de suppléances correspondant à la pratique actuelle.

Au Tessin, les pharmaciens eux-mêmes ont approuvé cette réglementation. Dans ce canton, environ la moitié des pharmaciens employés sont des frontaliers venant d’Italie disposant d’une formation italienne. Cela a pour effet que le salaire de départ des pharmaciens se monte à environ CHF 4500.- selon nos sources, et que les étudiants tessinois émigrent vers d’autres régions du pays une fois leurs études terminées.

Le choix s’est donc porté sur cette réglementation afin d’améliorer l’attractivité et la qualité des pharmacies tessinoises aux yeux des diplômés suisses.

Engagez-vous dans les cantons

La sphère cantonale joue un rôle très important dans la politique de santé. Ni le swissYPG ni pharmaSuisse n’ont les ressources nécessaires pour couvrir tous les cantons. Nous recommandons donc à tous de devenir membres d’associations cantonales et de s’engager. Les sociétés cantonales sont très importantes tant pour obtenir des informations que pour parvenir à des changements.

Les pharmaciens sont indispensables dans les soins médicaux de base, mais uniquement si la population le perçoit aussi. Les nouvelles compétences cliniques impliquent qu’un rapport de confiance humain soit construit avec la patientèle afin qu’elle soit aussi prête à accepter nos services.

Au niveau politique se pose également la question de savoir si la formation postgrade devrait être subventionnée par l’état, comme c’est le cas pour les médecins. Ces questions se résolvent sur la base de la valeur ajoutée perçue. Là aussi, il est important de s’engager dans la profession et les sociétés pour renforcer cette perception et se débarrasser des idées sur la pharmacie en tant que simple magasin de médicaments.

Conseils pour la période succédant aux études

À l’heure actuelle, on ne sait pas encore à quoi ressembleront finalement les règlements d’application cantonaux. Néanmoins, pour l’orientation après les études, nous aimerions donner quelques recommandations pour pouvoir planifier sa carrière professionnelle par rapport à une activité en officine.

  • Taux d’occupation

    S’il n’est possible d’exercer une suppléance qu’à hauteur d’un seul jour par semaine, il est d’autant plus pertinent de travailler à temps partiel. Le reste du temps peut être investi pour l’orientation professionnelle, la formation postgrade ou continue, ou d’autres activités ayant un impact positif sur le CV. Une personne désirant travailler à plein temps ou qui y est obligée pour des raisons financières devrait plutôt postuler dans des grandes pharmacies ou dans des cantons avec une réglementation adéquate.

  • Changement du lieu de travail:

    Pour les jeunes pharmaciens, il semble attrayant de changer souvent de lieu de travail afin de connaître autant d’aspects de la profession que possible. Nous recommandons cependant de travailler au maximum dans deux officines la première année, car il faut un certain temps jusqu’à ce qu’on se sente à l’aise dans une entreprise et qu’on puisse se consacrer au travail avec les patients.

  • Formation postgrade

    Outre les «grandes» formations postgrades pour obtenir le titre de pharmacien spécialiste, il existe aussi de «plus petites» unités comme les certificats de formation complémentaire qui, moins exigeants et moins onéreux, apportent aux diplômés un plus en compétences. En outre, ils peuvent probablement être pris en compte dans la formation postgrade fédérale. Si l’on n’est pas encore sûr de la direction à prendre, on peut ainsi procéder par tâtonnements.

  • Financement de la formation postgrade

    La formation postgrade pour obtenir le titre de pharmacien spécialiste en officine coûte environ CHF 25 000 pour plus ou moins trois ans, et les certificats de formation complémentaire atteignent quelques milliers de francs. Souvent, les employeurs se déclarent prêts à payer partiellement ou entièrement la formation posgrade, ce qui s’accompagne alors d’obligations (p.ex. un contrat de plusieurs années). Tout ceci est à étudier individuellement.

  • Domaine de formation

    Une fois leurs études achevées, beaucoup de diplômés ne savent pas encore quel domaine choisir. Une durée claire devrait être fixée pour cette phase d’orientation (p.ex. un an), jusqu’à ce que l’on se soit décidé pour un champ d’activité. Taux d’occupation et emplacement devraient être choisis en fonction des considérations données ci-dessus. Avec pharmAvenir, nous mettons à la disposition de nos membres un réseau de pharmaciens œuvrant dans différents domaines professionnels. Ce réseau fournit aux jeunes pharmaciens un aperçu des différents champs d’activités d’un pharmacien diplômé. Actuellement, des fiches et des données sur 22 profils professionnels se trouvent dans l’espace réservé aux membres de notre site internet.

En résumé, l’obligation de formation postgrade renforce la position de la pharmacie. Le swissYPG s’engage avec pharmaSuisse afin que les diplômés en pharmacie soient soumis à une réglementation équitable en matière de suppléance pour l’activité en officine. Toutefois, une carrière professionnelle en officine ne devrait en aucun cas être freinée uniquement à cause de cette nouvelle réglementation. La formation postgrade ne constitue qu’une courte période qui contribue à ce que chacun d’entre nous devienne un professionnel de la santé à part entière.

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Erwin Wendelspiess

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