La 3e édition du Swiss Healthcare Day s’est déroulée le 19 janvier dernier à Bern. Environ 200 professionnels de la santé cadres notamment médecins et pharmaciens, ainsi que des politiciens et dirigeants d’organisation oeuvrant pour la santé ont répondu présent à ce symposium organisé par l’Entente Système de santé libérale (Bündnis Freiheitliches Gesundheitwesen abrégé Bündnis). Le thème de la journée « Les entrepreneurs de la santé publique – concurrence contre solidarité – une contradiction? » a permis de mettre en perspective l’importance de la collaboration entre les prestataires de soins et les payeurs du système de santé ainsi que la position centrale de l’assuré. Cette grande journée a été animée par Monsieur Dominik Feusi, correspondant pour le Basel Zeitung et le Palais Fédéral – Berne.

L’introduction au thème de la journée a été effectuée par le Prof. Robert E. Leu, Président du Bündnis. Ce dernier a présenté les défis économiques du système de santé suisse liés à la sécurité d’approvisionnement de la population au niveau cantonal et au financement des services médicaux régit par la Loi fédérale sur l’Assurance Maladie (LAMal) selon les critères EAE (efficacité, adéquation et économicité). Le rationnement serait – il évitable par l’élaboration et l’application d’outils basés sur la pratique pour mesurer les outcomes de santé compte tenu des ressources limitées ?

« Il faut donner plus de compétences aux cantons »

Lors de son intervention, le Conseiller d’Etat socialiste Pierre-Yves Maillard a démonté par des chiffres l’explosion des coûts plongeant le système actuel de santé dans une crise grave devenant insupportable pour la classe moyenne vaudoise et suisse. Et, rien n’indique que les coûts se calment. Il y a un besoin urgeant d’une remise en cause du système d’assurance. Ce dernier a illustré ses propos notamment en présentant les effets de la fin du moratoire qui a fait arriver des médecins de l’Union Européenne (impact important dans les cantons frontaliers). Pour le Canton de Vaud se fut une augmentions d’environ 300 spécialistes sans nécessairement être justifié par la clause du besoin, notamment les radiologues avec leur équipement lourd, orchestrant un surcoût pour le système ambulatoire. Le socialiste tout en déplorant le manque d’indicateur pour la mesure de la qualité en Suisse, a présenté ses prochains chantiers qui seront notamment la restructuration du tarif Tarmed, la réponse au Postulat Jacques-André Haury et consorts l’invitant à proposer des mesures visant à endiguer l’explosion des coûts de l’ambulatoire hospitalier, ainsi que le décret sur la coordination des soins (échange d’information et coopération) dans le but de donner plus de compétences aux cantons.

 Le socialiste tout en déplorant le manque d’indicateur pour la mesure de la qualité en Suisse, a présenté ses prochains chantiers qui seront notamment la restructuration du tarif Tarmed, la réponse au Postulat Jacques-André Haury et consorts l’invitant à proposer des mesures visant à endiguer l’explosion des coûts de l’ambulatoire hospitalier, ainsi que le décret sur la coordination des soins (échange d’information et coopération) dans le but de donner plus de compétences aux cantons.

« Plus il y a de financement plus il y a de solidarité, moins il y a de financement moins il y a de solidarité »

Felix Schneuwly, Head of Public Affairs comparis.ch, a présenté la complexité du financement du système de santé et l’écart du financement intercantonal (subventions) opérée par le Législateur. Ce dernier à tout au long de sa présentation défendu la nécessité d’un plus grande transparence nécessaires car « plus il y a de financement plus il y a de solidarité, moins il y a de financement moins il y a de solidarité ». Monsieur Schneuwly a également rappelé que depuis l’introduction de la LAMal en 1996, les fournisseurs de services de santé devraient fournir des indicateurs de qualité également pour le système ambulatoire. A ce propos, il a également souligné que, pour lui, la Confédération serait la mieux placée pour cela car elle détient des données nationales. De plus, il a également mentionné que la satisfaction du patient suite à son expérience médicale est un critère de qualité fiable parmi les autres.

« La qualité est tributaire de la transparence »

Lors de la première table ronde de la journée qui a rassemblé les Conseillers nationaux Madame Regine Sauter et Monsieur Lorenz Hess, les Conseillers d’Etat Messieurs Roland Eberle ainsi que Hans Stöckli, tous deux membres de la Commission de la sécurité́ sociale et de la santé publique, il en est ressortis que l’Etat doit avoir un vrai rôle de régulateur car la population a du mal à financer le système. L’écart financier entre les subventions cantonales était déjà joué avant 1996. Une solution nationale doit être trouvée avec une responsabilité cantonale. Les différences de consommation entre la Suisse latine et alémanique sont réelles. L’ensemble des assurés devrait également réfléchir à sa consommation. Pour un meilleur système de santé il y a un besoin de concurrence toutefois selon un contrôle par des critères de qualité. Pour diriger l’offre l’Etat devrait disposer de d’avantage de moyens car la qualité est tributaire de la transparence. Pour cela c’est aux professionnels de la santé eux même qu’incombent le choix et la fixation des critères de qualité. Mais dans ce but, il est nécessaire de produire des incitatifs pour changer les comportements. Lors de cet échange animé, il est également ressorti qu’actuellement la loi n’entraine pas encore suffisamment de sanctions (bases légales) pour les « brebis galeuses » du système de santé.

« La rationalisation des services est inévitable »

Pour son exposé, le Dr. Stephan Schaller de Siemens Healthcare GmBH a souhaité nous démontrer par le biais d’exemples internationaux que la rationalisation des services est inévitable pour un système de santé car notamment « L’économie n’a pas pour vocation de faire de l’altruisme c’est une politique égoïste ». La concurrence est importante pour que les outsiders s’éteignent d’eux même au profit d’une entreprise plus opportune. Les monopoles quant à eux font inexorablement augmenter les prix et donc des coûts de la santé.
Ce dernier a commencé par citer le système américain de santé à vision ultralibérale où un tiers de sa population n’est pas suffisamment ou pas assuré. Puis le système anglais régit publiquement où certes toute la population y a accès mais avec un temps d’attente important et un financement lourds pour tout le pays. Finalement, Monsieur Shaller a présenté le système de santé allemand dual public/privé régulé par le médecin de famille (GP) en tant que gatekeeper qui a pour but de maintenir les coûts bas. L’Allemagne réfléchit également à une caisse unique. Il a également souligné que la rationalisation aboutit inexorable à définir un assuré par les moyens qu’il peut mettre pour sa santé et donc une médecine à deux vitesses. Dans cette perspective, avec l’avènement de la médecine personnalisée, est-ce vraiment économiquement supportable pour le système de santé ? Si l’efficacité de ces traitements individualisés est prouvée, la question d’éthique quant à elle demeura.

« Nous vivons actuellement un changement de modèle commercial majeur »

L’invité « surprise » de la conférence fut Monsieur Marcel Naperala, CEO de Medbase, une entreprise qui a été vendu à Migros. Avec l’ubersiatsion, la place importante de multinationale telle que Amazone, « nous vivons actuellement un changement de modèle commerciale majeur » qui bouleverse l’ensemble des marché, dont celui de la santé, de part la substitution d’un grand nombre d’activité par le numérique. L’entrepreneur dynamique a présenté Medbase, qui sont des centres médicaux en Suisse qui proposeront une couverture ambulatoire intégrée: de la prévention à la rééducation en passant par la couverture médicale de base. Ce dernier a également illustré par des chiffres le poids du géant orange (Filiales : Migros, SportPark, FitnessPark, AquaPark, GolfPark, Sportxx, Ecole club Migros, Santémed, Medbase). Le groupe Migros peut se réjouir de compter environ 450 millions de contacts clients par jour, et ainsi préfigurer comme nouvel acteur incontournable dans la santé.

« If you are afraid of failure, you do not deserve to be successful » Charles Barkley

Pour introduire la thématique de l’après midi, Andreas Faller lic. iur, Gérant du Bündnis, a défendu que la pression gouvernementale sur le système continuera d’augmenter, avec d’avantage de réglementations, à moins que les acteurs prennent leur destin entre leurs propres mains. Ceci doit passer par un renoncement aux intérêts particuliers afin de commencer à avoir une volonté commune de façonner activement le système. Ce dernier a rappelé, par des exemples, l’instabilité du système de santé actuel et le manque de dialogue pour éviter le choix de la voie juridique, encore trop souvent empruntée. De plus, il a souligné qu’il est important de diriger les mesures économiques par les outcomes pour faire des propositions soutenue et non chercher l’interventionnisme de l’Etat, dans le but de mettre en place une rémunération basée sur la performance – pay for performance.

Ce dernier a rappelé, par des exemples, l’instabilité du système de santé actuel et le manque de dialogue pour éviter le choix de la voie juridique, encore trop souvent empruntée. De plus, il a souligné qu’il est important de diriger les mesures économiques par les outcomes pour faire des propositions soutenue et non chercher l’interventionnisme de l’Etat, dans le but de mettre en place une rémunération basée sur la performance – pay for performance.

« Les risques liés au aléa moral sont plus importants que ceux liés au vieillissement »

Lors de son intervention, le Secrétaire général de l’Association suisse des médecines avec activité chirurgicale et invasive (FmCh), le Dr. Markus Trutmann, a rendu attentif sur la dimension en santé de l’aléa moral. Le Moral Hazard en anglais représente la possibilité qu’un assuré augmente sa prise de risque, par rapport à la situation où il supporterait entièrement les conséquences négatives d’un sinistre. En effet, la présence d’une assurance-maladie modifie le comportement de l’assuré, le patient et le professionnel de la santé principalement le médecin prescripteur. Les risques du aléa moral sont plus importants que ceux liés au vieillissement. Il a illustré ses propos par la présentation d’études internationales à ce sujet. Pour la Suisse, afin de tenter de pallier à ce défaut humain, une rédéfinition du tarif Tarmed, car les incitatifs sont dirigés de manières erronée, doit être entreprise. Dans cette perspective, la mise en application nationale du dossier patient électronique est une opportunité à saisir. De plus, le paiement par forfait paraît pour lui représenter le bon équilibre.

« Le numérique nécessite la confiance de l’assuré »

Dans son exposé, Monsieur Otto Bitterli, Président du Conseil d’administration de l’assurance maladie Sanitas a présenté les enjeux du Bigdata pour la médecine personnalisée et souligné que le numérique nécessite la confiance de l’assuré. Ce dernier a également repositionné le rôle des assureurs santé qui a changé avec les années et qui changera encore plus avec l’arrivée des nouveaux acteurs et outils de santé. Ce dernier a souligné également que l’ensemble de la population à sa part de responsabilité dans l’augmentation des primes. De la compétition il faudra laisser place à la collaboration dirigée.

« Pour un meilleur équilibre entre la population, les hôpitaux et la réglementation»

La dernière présentation de la journée a été produite par Monsieur le Conseiller d’Etat Thomas Weber de l’Union Démocratique du Centre de Bâle – Campagne, qui a présenté la vision et planification de la santé dans la population de toute la région bâloise. Ce dernier a présenté à l’aide de références, les relations entre les différents acteurs de la santé publique et privée ainsi que la stratégie de financement du système mis en place pour un meilleur équilibre entre la population, les hôpitaux et la réglementation.

« Il faut souligner l’importance de l’information donnée au patient »

La seconde table ronde de la journée s’est effectuée avec la participation de Madame Margrit Kessler, Présidente de la Fondation Suisse des Patients (OSP), Monsieur Otto Bitterli, le Prof. Thierry Carrel qui est le Directeur de la Clinique de chirurgie vasculaire et du cœur à l’Hôpital Universitaire de Berne, le Dr. Werner Kübler, Directeur de l’Hôpital Universitaire de Bâle-Ville, le Dr. Markus Trutmann ainsi que Monsieur le Conseiller d‘Etat Thomas Weber. De cette table ronde, la nécessité d’élaborer des critères d’évaluation a dominé la discussion. La complexité du genre humain a plusieurs fois été soulèves. Il a également été souligné l’importance de l’information donnée au patient car ce dernier doit être informé afin de participer à sa guérison ou prendre une décision qui a un impact non seulement sur lui mais également ses proches et la société. L’importance de la protection des données a également été abordée ainsi que sa nécessité pour le système ambulatoire afin de ne pas rater un diagnostic.

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Erwin Wendelspiess

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